Alexandre Ruiz, fondateur de Effiway parle du métier du conducteur à la demande
Alexandre Ruiz incarne la trajectoire inspirante d’un professionnel du transport qui a su transformer un besoin en véritable projet d’entreprise. Il est aujourd’hui à la tête d’Effiway, une société qui redéfinit les standards du transport routier. Dans cette interview, il nous partage son parcours, les défis qu’il a relevés et sa vision pour l’avenir du secteur.
Bonjour et bienvenue à tout le monde pour cette interview avec Alexandre Ruiz. Une interview, dans la catégorie “Coup de pouce” des Chroniques de La Com du Transporteur. La com du Transporteur est une agence de conseils en communication. J'accompagne les transporteurs routiers, transitaires et commissionnaires en transport dans l'élaboration d'une image de marque unique et pertinente. Bonjour Alexandre ! Est-ce que tu pourrais te présenter et expliquer un petit peu ton parcours ?
AMORY Kévin - Intervieweur
Bonjour Kévin !
Oui, bien sûr : Ca fait déjà une vingtaine d’années maintenant que je suis là. C’est un parcours qui s’est fait comme ça, un peu par hasard. Pourtant, j’ai grandi dans les camions et c’est quand même un métier qui est devenu un métier de cœur. J’ai roulé, je roule encore dès que j’en ai l’occasion. J’ai passé ma capacité de transport de marchandises et commissionnaire.
Je suis actuellement formateur, toujours indépendant, donc j’interviens pour plusieurs centres, mais notamment un qui est celui qui m’a mis le pied à l’étrier. Donc c’est un métier qui me plaît.
À travers la conduite et la formation, dès 2012, on a déjà identifié des besoins avec des transporteurs avec qui je travaillais ponctuellement et d’autres avec qui j’avais eu l’occasion de rencontrer à travers le cadre de la formation. Et c’est vrai qu’ensemble on avait identifié cette activité de prestataire de conduite, l’activité sur laquelle on est aujourd’hui ensemble, et donc dont j’ai voulu expliquer, communiquer à toute l’audience du transport, des actions que l’on a menées.
Et c’est vrai qu’en 2012, tout le monde ne nous a pas pris au sérieux et on avait déjà un petit peu identifié des futures problématiques liées à l’évolution de l’indépendance et notamment dans des statuts comme l’auto-entrepreneur. Mon parcours professionnel, c’est avant tout conducteur de métier. Également gestionnaire de transport aujourd’hui. Notre activité principale, c’est d’accompagner les transporteurs avec des conducteurs qui ont la fibre entrepreneuriale.
C’est une grande aventure, un peu fatigant de temps en temps parce que ça prend beaucoup de temps quand même, mais on le fait et on est présent !


RUIZ Alexandre
Fondateur de Effiway
Que vous soyez transporteur ou conducteur, vous bénéficiez d'un soutien personnalisé, adapté à vos besoins.
Est ce que tu pourrais nous expliquer comment tu as connu La Com du Transporteur ?
AMORY Kévin - Intervieweur
RUIZ Alexandre – Invité
Alors on a connu, je dirais. On a connu avec l’équipe avec laquelle on travaille sur notre contenu de formation interne à Effiway que certains connaissent à travers le site internet (sur un petit bandeau, on n’en a jamais vraiment fait la publicité et ce n’est pas aujourd’hui que l’on va commencer cette publicité parce que ce n’est pas encore actif, mais incessamment sous peu on le sortira.)
On a connu La Com du Transporteur, parce que l’on a ciblé quelques transporteurs avec qui on avait certaines affinités. Et à travers ces transporteurs, ces professionnels, il en est ressorti d’autres professionnels qui ont l’éthique que l’on recherche.
Et donc Effiway, qu'est-ce que c'est exactement ?
RUIZ Alexandre – Invité
Alors Effiway, c’est une plateforme de mise en relation. Je dirais même plutôt que c’est plus un « concept ». Quand on a créé en 2012, l’idée, c’était de faire un groupement de professionnels de la conduite réunis auprès de transporteurs qui eux-mêmes sont des regroupements de transporteurs. Et c’est vrai que chacun a à gagner. Alors aujourd’hui, on identifie ce type d’entreprises comme des plateformes de mise en relation.
Évidemment, on fait de la mise en relation, on présente des professionnels de la conduite auprès de professionnels du transport, à des transporteurs. Mais c’est un concept qui va bien au-delà parce que chaque transporteur participe à son échelle.
On a des transporteurs qui participent sans être utilisateurs, ils identifient des conducteurs indépendants auprès du réseau de manière que ça puisse être bénéfique aux transporteurs locaux.
Donc là, on n’est pas dans la concurrence, on travaille intelligemment, même si des sociétés de transport sont concurrentes dans la vie de tous les jours, elles ne le sont pas au sein d’Effiway. Et ça, c’est très important pour nous. Et pour les conducteurs, c’est pareil.
C’est-à-dire qu’on a des professionnels qui apportent des compétences, qui apportent des conducteurs, confrères, qui ont une vraie éthique professionnelle, et ils apportent également des transporteurs avec qui ils travaillent. Et ce sont notamment des actions qu’on a menées déjà depuis 2016. Donc ce n’est pas d’aujourd’hui. Dans deux ans, ça fera déjà dix ans. Et ce sont des transporteurs qui, entre guillemets, « appartiennent » aux conducteurs, ce sont déjà des clients avec qui ils travaillent. L’idée, c’était déjà d’identifier les clients des conducteurs pour que, justement, on puisse tous travailler ensemble. Alors évidemment, quand je dis le client, je dis « transporteur », ils aiment avoir des conducteurs non attitrés pour peut-être avoir plus de volume, mais c’est toujours intéressant d’avoir un conducteur attitré qui connait les procédures de l’entreprise. C’est ce qu’on appelle nous des conducteurs ambassadeurs.
Ce sont des conducteurs déjà depuis 2017, pour les premiers. À l’époque, on n’était pas autant de conducteurs déjà dans l’entreprise et même au niveau national. Mais le conducteur ambassadeur va pouvoir privilégier son transporteur(ndlr : son client). Nous, on va l’appeler immédiatement dès que celui-ci a besoin d’un conducteur ( par principe, ce conducteur-ambassadeur sera contacter prioritairement ). Et les nouveaux conducteurs peuvent être en contact avec ce conducteur-là qui est l’ambassadeur.
Donc le principe d’Effiway, c’est de présenter des conducteurs professionnels grâce aussi aux transporteurs qui participent également. Tous les conducteurs sont très sympathiques et ont tous une chance. Il n’y a aucun souci là-dessus. Néanmoins, c’est vrai qu’aujourd’hui, on s’assure d’une lettre de recommandation. C’est beaucoup plus sûr pour nous. Puis ça permet de présenter des conducteurs. Et très honnêtement, dans ce principe d’hyper concurrence, (ce n’était pas le cas à l’époque avec 1500 conducteurs, en 2022) 10 000 conducteurs aujourd’hui estimés en 2025.
Chez Effiway, un transporteur s’est vu présenté trois conducteurs indépendants différents. Si ça n’a pas été le cas, ça sera le cas en 2025. Ça, ce sont nos statistiques à nous. Il est évident que la concurrence est rude entre conducteurs et ça n’a jamais été aussi pertinent ce système d’Ambassadeur, parce que tout le monde sécurise tout le monde, voila. Ça c’est le principe.
Effiway c’est un concept où tout le monde apporte une compétence et tout le monde gagne.
On a des formateurs, on a des managers pédagogiques, on a des directeurs d’entreprise, on a des services RH, on a La Com du Transporteur qui participe également. Il y a tout un tas de manières de participer et c’est ce qu’on apprécie dans notre entreprise. Et même les conducteurs participent également à leur échelle, donc tout le monde gagne en réalité.
Je comprenais qu'Effiway était une plateforme de simple mise en relation entre un conducteur indépendant et une société qui a des besoins ponctuels. Concrètement, tu vas plus loin, avec une profondeur pédagogique, des recommandations, des ambassadeurs. Pourquoi une entreprise de transport aurait un besoin de venir chez toi ? C'est quoi ta plus value que tu vas pouvoir lui apporter ?
Alors sans faire d’ombre au salariat, évidemment, ni aux agences d’intérim, ( nous préservons les agences intérim, le monde du salariat, de cette nouvelle concurrence qui est aujourd’hui liée à l’indépendance ).
Je vais décomposer les choses : Qu’est-ce qui est intéressant chez un indépendant aujourd’hui ? C’est que celui-ci est tenu par une obligation de résultat sur la qualité qui n’est pas forcément cas pour un salarié. Aujourd’hui, en 2025, ce dont on a besoin en tant que transporteur, c’est d’avoir de la compétence, mais aussi de la confiance. Parce que aujourd’hui, je pense que la compétence, ça peut se travailler, mais la confiance est une valeur qui aujourd’hui, en 2025, manque à beaucoup de monde.
Avoir confiance à un conducteur à qui on donne un véhicule à 5 h du matin pour un départ à 5 h du matin. Il faut que le responsable d’exploitation puisse dormir sur ses deux oreilles. Et si ça sonne à 7h, c’est pour se dire « tout va bien, le client est livré ».
Merci pour ce conducteur et la livraison qu’il a assurée. Ça, ça fait beaucoup, ça fait vraiment plaisir. Un exploitant à 6 h du matin, un coup de téléphone, ça fait toujours peur parce que, par exemple, un accident dans la nuit. Bref, cette relation de confiance, on l’a plus facilement avec des indépendants. Je pense que l’indépendance a une place et c’est une main d’œuvre ponctuelle qui est là pour aider des transporteurs avec des professionnels référencés qui sont tenus par une obligation de résultat sur la qualité. Donc en règle générale, ça se passe très bien et le fait d’avoir mis en place toute cette procédure, ça nous permet d’avoir quasiment 80 à 85 % de qualité, là où justement quand, à un moment donné, à l’arrivée de 2023, on a un petit peu négligé la recommandation : on avait besoin d’accompagner un peu plus les conducteurs.
Donc aujourd’hui, on est quand même beaucoup plus sûrs.
Ta réelle valeur ajoutée est donc une sécurisation et une crédibilité à 100 % de la mise en relation que tu vas faire entre un conducteur indépendant et une société de transport routier (voyageur ou marchandise) qui a un besoin ponctuel. Dans ce même principe, quel serait ton coup de pouce pour une entrepris de transport qui est en recherche de conducteur ?
C’est délicat parce qu’il y a beaucoup d’entreprises différentes, il y a des saisonnalités, il y a des entreprises différentes, il y a des contextes économiques qui varient d’une saisonnalité à une autre. Je dirais que l’humain est important dans toutes les entreprises. Ce n’est pas qu’au moment du recrutement qu’on va dire « on a besoin de mettre en avant l’entreprise », etc. Je pense qu’il faut aussi savoir dire les choses et je pense qu’on retrouverait beaucoup de soutien des conducteurs si les transporteurs eux-mêmes avaient la possibilité d’être entendus. Sur la problématique économique actuelle, principalement. Je vais prendre une position sans prendre le lead sur l’activité que l’on mène : Beaucoup de transporteurs ont des choses à dire ouvertement et publiquement à travers les syndicats qui normalement devraient les soutenir. Je pense que les syndicats font ce qu’ils ont à faire. Ils le font très bien. Les transporteurs font ce qu’ils peuvent dans un contexte économique difficile.
Je veux dire, aujourd’hui, on ne peut même plus recruter un salarié parce qu’on ne sait pas sur combien de temps on peut l’amortir. On peut avoir du travail sur trois jours, on peut en avoir sur deux semaines. Tout ça ( notre concept et son environnement ), c’est très novateur. Donc, je pense qu’il est temps à un moment donné de rapprocher le transporteur avec le conducteur. Il faut que le conducteur comprenne que le patron n’est pas celui qui va brasser des millions. Il y a peut-être des entreprises qui brassent des millions, mais s’il restait des millions, ça se saurait et ce n’est pas le cas. Ce n’est pas parce qu’on génère un million que ça rend le patron millionnaire. Ce n’est pas du tout le cas. Et chacun ses avantages et chacun ses inconvénients. Je pense que pour anticiper un bon recrutement, oui, ce côté humain est important. Anticiper la saisonnalité, c’est très bien dans toutes les catégories de conducteurs que l’on recherche.
En tout cas, pour revenir à maintenant, notre manière de travailler, avec la mutualisation des compétences, on a pu fédérer différentes entreprises qui ont des saisonnalités différentes. On a de l’autocar et des conducteurs d’autocars qui ont aussi le permis semi. Mais dans certains secteurs géographiques, au moment où ils posent le car, ils posent la chemise, la cravate, ils mettent un pantalon de travail différent, une paire de chaussures de sécurité et puis ils vont conduire un semi dans le TP. On arrive à mutualiser parce que justement on fédère tous les transporteurs, alors c’est plus facile.
Que recommanderais-tu en termes de communication ? Aujourd'hui, on a de la communication, qui se doit d'être structurée, qui se doit d'être institutionnelle, mais aussi une communication qui doit être démarquée du secteur. Comment se différencier humblement, mais correctement ?
Oui, le mot humble me parle beaucoup. Humblement et efficacement. Les canaux, les réseaux sociaux, c’est une génération. Je pense que j’en fais partie également. J’ai 43 ans mais j’apprends à utiliser les outils de cette génération-là. Je veux dire, on a une entreprise à diriger, on a une entreprise à garder, une image à respecter parce que si on ne fait pas de publicité, ça, c’est notre stratégie de communication. Cette hyper communication peut être néfaste pour certaines entreprises, par exemple pour la nôtre, dans un cadre réglementaire qui n’est pas encore présent, dans laquelle justement la seule communication que l’on fait pour l’exemple, on vient sur ça, c’est de présenter un métier avec toute la conformité qu’il se doit.
Si la profession transport l’avait mise en place, je pense qu’on pourrait la mettre aujourd’hui telle que nous l’avons placé. On n’a aucun mérite à avoir fait ce que l’on a fait, c’est simplement qu’on vient du métier du transport. Donc je vais dire on attend juste une chose, c’est qu’on puisse l’observer avec bienveillance, voir les actions qu’on a menées et les résultats qu’on peut aujourd’hui prouver.
La communication est très importante. Ça doit rassurer à la fois les clients ( les expéditeurs ), les donneurs d’ordres, le transporteur et tous les conducteurs. Donc il faut faire de la communication et certaines entreprises ont des stratégies complètement différentes.
Ça dépend des clients avec qui on travaille. On a des transporteurs avec qui on travaille et qui ont fait le choix de ne pas faire de communication justement, donc qui ont très très peu de monde sur LinkedIn, sur Facebook et compagnie. D’ailleurs, le public sur LinkedIn et Facebook est totalement différent. La communication que l’on veut choisir, si on veut trouver du conducteur, on ira plutôt faire des opérations de séduction sur Facebook, Instagram, etc. Si on veut faire du business, on ira plutôt sur LinkedIn avec des transporteurs, des gros chargeurs. Je le vois en formation par exemple, ce matin, j’étais sur une FCO : 16 personnes. C’est des professionnels, donc il suffit d’être clair avec eux et ils comprennent la conjoncture économique. Donc une bonne communication, ça peut le faire. Oui.
Pour un conducteur indépendant : quel serait ton coup de pouce, quel serait ton premier conseil à cette personne-là qui hésite encore aujourd'hui soit à se lancer, soit qui se pose beaucoup de questions, ou encore qui s'est lancé, mais qui n'a jamais trop appuyé sur le Bouton Start ?
Là on est vraiment sur un terrain que je suis, sur un terrain que je maîtrise bien. Je ne vais dire pas “j’ai commencé seul” avec conducteur à la demande, mais c’est “On”. C’est déjà toute une équipe déjà à l’époque. Il y avait déjà des conducteurs, même si on a commencé à cinq conducteurs et deux transporteurs, trois autres qui nous suivaient comme ça. Aujourd’hui, je dirais que, au vu de la conjoncture, le manque de cadre réglementaire, se lancer dans l’indépendance pensant qu’on va en vivre, je ne suis pas certain que ce soit bien judicieux pour nous de prendre cette position.
Ça serait très mal venu que de faire croire à des conducteurs qu’ils vont gagné leur vie.
Déjà pour plusieurs raisons : Parce que ce conducteur-là, faudrait-il savoir déjà si c’est un bon conducteur ? Si on envoie un conducteur qui casse du camion le premier jour, le deuxième jour, le troisième jour chez trois transporteurs différents, ça va vite se savoir. Donc ce conducteur au cinquième jour ne travaillera plus. Ce n’est pas que nous avons décidé de ne pas le faire travailler, c’est que les transporteurs décideront de ne plus le faire travailler et ils auraient raison parce qu’un camion, ça coûte cher. A contrario, on a aussi des super conducteurs qui malheureusement manquent parfois de communication. On ne peut pas tout avoir, on ne peut pas être un super conducteur et être très bon en communication. On le voit très bien tiens, ne serait ce que sur une lettre de voiture, entre l’exploitant et les bureaux, on a un super conducteur qui est hyper positif niveau éco conduite. Mais par contre les lettres de voitures, il est un peu plus tremblant sur l’écriture et ça ouvre des litiges à cause d’une mauvaise écriture. Alors les administratifs identifieront ce conducteur comme un mauvais conducteur et les exploitants diront que c’est le meilleur des conducteurs. Et évidemment, il faut être bon dans tous les domaines.
Donc aujourd’hui, se lancer en tant qu’indépendant, c’est une aventure. Je pense qu’il faut déjà être indépendant mentalement, financièrement et être prêt à sortir du lot. Et l’indépendance oblige la compétence.
Donc ça veut dire que si je suis indépendant, je vais me confronter à une concurrence. Et là, la concurrence, ce n’est pas du tout du droit du travail, l’avantage du droit social, et c’est la raison pour laquelle on est très vigilant et on ne veut pas faire de l’hyper communication. Parce que si la France entière devient indépendante, cette hyper concurrence fera inéluctablement baisser les prix, ce n’est pas le but. J’ai deux enfants, je ne veux pas que dans 30 ans ils travaillent à 50 € la journée. Je pense qu’on en est tous là. On a ce devoir, je dirai, qui nous incombe aujourd’hui avant de penser à faire de la publicité et d’avoir du volume de conducteur, c’est déjà de penser sur du long terme. Ça, c’est le principe et le fondement même de Effiway, anciennement Conducteurs à la demande. Mais en tout cas être indépendant pour celui qui a fait vraiment le choix, qui est compétent, qui apporte une valeur ajoutée à l’entreprise et qui est là avec cette dynamique-là, il peut travailler seul dans un secteur géographique qui n’a pas réellement beaucoup de concurrence et tant mieux ( on lui souhaite ! ). Il peut aussi s’appuyer de différentes structures. Il y a Effiway, il y a d’autres et puis il y en aura d’autres.
Tu recommandes à cette personne-là d'être indépendante mentalement et financièrement. Je traduis : "je ne vais pas me mettre à mon compte pour aller voir qu'une seule plateforme ou qu'une seule société, et je me mets à mon compte pour choisir avec qui je travaille avec qualité". Néanmoins, on a déjà vu avec Uber que ce statut-là était très controversé. Qu'as-tu à répondre ?
Est ce qu’il a un statut comme Uber ? Je dirais, si l’entreprise facture le transporteur pour ensuite payer le conducteur, alors, est ce que c’est de l’ubérisation ? Je ne sais pas. Je pense qu’aujourd’hui on a vulgarisé ce terme pour dire Uber a fait ça, a lancé ça. Évidemment, Uber n’a pas injecté les mêmes budgets pour lancer cette opération-là. Alors, on parle plutôt de précarisation. Je ne connais pas trop le principe de fonctionnement en interne pour parler à ce niveau-là. Je dirais qu’au contraire, c’est peut-être plus intéressant pour le conducteur de travailler directement pour la plateforme. Je crois qu’il est question que les plateformes aient ce devoir là plus tard. Donc ce principe de fonctionnement devra certainement être repris dans les prochaines années. En tout cas, c’est comme ça que sont dessinés les prochains textes.
Justement, on en vient au point critique avec cette ubérisation, que ce statut est délicat du point de vue légal. Et moi, je veux savoir comment tu peux à la fois répondre, face à une activité qui n'est pas encadrée, à une société qui risque de se voir condamnée pour salariat dissimulé et un conducteur à la demande qui ne sait pas forcément rédiger un contrat de prestation de conduite ?
Ce qui est important, c’est de ne pas abuser puisque comme on le disait tout à l’heure, on est dans une forme d’ultra libéralisme en France depuis déjà des années et le système entrepreneuriat permet de créer justement cette hyper concurrence qui permet de faire baisser les prix. Aujourd’hui, nous voyons des entreprises fixer le prix des conducteurs indépendants, prestataires de conduite à des prix qui arrangent principalement le transporteur. On a vu dans ces dernières années 120 € en Porteur la journée 150 € en semi la journée. Encore hier, il y a une entreprise qui me demande un conducteur à 150 € la journée auquel on ne répond pas. Malheureusement, on ne peut pas les accompagner là-dedans parce que notre entreprise serait complice d’une forme de dumping social, et ça, c’est quelque chose dont on s’interdit. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, nous n’avons pas fait de publicité pour inciter personne. Donc déjà le principe, le fondement même de notre entreprise est basé justement sur le respect de ces règles-là. Et le monde du salariat.
Il faut savoir, comme tu l’as dit dans ta question, est-ce qu’un contrat de travail permet de sécuriser les choses ? Oui et non. On ne peut pas dire oui, on ne peut pas dire non. Il faut savoir qu’un contrat, quel qu’il soit, ne peut prévaloir sur le droit commun. Si la loi dit que les 35 h semaine, n’importe quelle entreprise dira “Tiens, je vous fais un contrat de 60 heures par semaine”, ça ne sera pas légal. La loi, le droit commun, c’est 35h. Donc un contrat commercial ne peut prévaloir, là aussi, sur ce cadre-là. Maintenant, c’est dans la forme. Avant de dire qu’il y a un salariat déguisé, on regarde la forme, il est certain que dans le principe de l’indépendant, on va demander au conducteur d’intervenir tel jour à telle heure pour faire telle activité. Il y a bien sûr un lien de subordination, mais le principe de l’indépendance est que, principalement, le conducteur va travailler pour lui-même. Il va travailler à travers un réseau, comme Effiway.
Le transporteur place une mission, un appel d’offres, ce qui donne aux transporteurs la sécurité d’avoir différents conducteurs qui se positionnent sur une mission. Donc déjà, ça casse cette relation de travail en direct et ça sécurise à la fois le transporteur et le conducteur.
Pourquoi ?
Parce que nous, on va jouer sur une relation de confiance. C’est-à-dire que dès lors que le prix est inférieur à une boîte d’intérim, on va commencer à émettre une alerte. Notre intérêt, ça serait de ne rien dire pour un maximum de volume. Mais ce n’est pas comme ça que l’on fonctionne chez Effiway.
C’est justement pour sécuriser les choses. Donc le fait est que le transporteur passe par un contrat de prestation, appelle un conducteur, ça sécurise parce que c’est ponctuel.
Pour accompagner les sociétés de transport qui sont en demande de conducteurs indépendants, tu leur proposes un contrat de prestation de conduite, pour gérer la relation commerciale avec un conducteur indépendant, c'est bien ça ?
Oui oui, disons que ce contrat de prestation de conduite que l’on a mis en place pour les conducteurs et les transporteurs fait que de notre entreprise, on est tenu par un devoir de vigilance et on ne peut accepter des contrats qui ont été jetés à la va vite. On a eu tous les contrats possibles pendant les deux premières années. On a accompagné le conducteur dans son contrat de prestation. On a vu des photos avec écrit sur un post-it « contrat » et on nous a donné cette version-là. Les conducteurs veulent avoir un contrat spécifique et conforme. Nous connaissons le nôtre. Il a été fait par des avocats spécialisés, relu par le monde du transport et chaque année remis à jour. Donc celui-ci, il nous permet de répondre à notre devoir de vigilance. Parce que si demain quelqu’un met une clause abusive, nous ne voulons pas répondre de cette clause. Donc ça, c’est quelque chose dont on est obligé. On préfère avoir un conducteur qui vient avec son contrat élaboré par son avocat plutôt que de le prendre sur le champ. C’est important d’avoir un contrat.
Sur les contrats que l’on a mis en place, on pense à toute l’activité. On a spécifié tous les termes juridiques qu’est ce qu’un donneur d’ordre ? Qu’est ce qu’un prestataire de service ? Donc l’annexe du contrat, c’est quand même onze ou douze pages. Et on a pensé, même dans les cas de litige, c’est-à-dire que qui rembourse la franchise en cas de litige ?
Voilà au moins l’avantage. Le transporteur est sécurisé à ce niveau-là. Les points commerciaux sont soulevés à l’avance et donc il y a beaucoup, beaucoup moins de litiges, voire quasiment plus du tout.
Alors bon, déjà, comme on connaît le métier, parce que tous les responsables d’agence sont sélectionnés pour leurs compétences, leur connaissance du secteur, on a des formateurs qui nous accompagnent également. Donc la loi, on la connaît quand même assez bien. Et en plus, on a une formation interne, donc les conducteurs vont pouvoir se former sur l’activité dans laquelle ils vont intervenir. Et comme chaque conducteur est recommandé par un transporteur, on connaît un peu leur historique. On s’adapte à l’humain, on prend le temps de les connaître. Et je pense que pour beaucoup qui regarderont également cette vidéo savent très bien qu’humainement on répond quand même à la demande de tout le monde et bien plus encore d’ailleurs.
Est-ce que tu aurais un dernier Coup d'Pouce pour une société ou un conducteur indépendant à donner ?
Alors pour les conducteurs indépendants, je dirais déjà que s’ils sont salariés, qu’ils restent salariés. Nous sommes aujourd’hui en mars 2025. Je me répète, on ne sait pas dans deux ans si les choses seront différentes pour ça, j’insiste sur la date. Restez surtout salarié. La conjoncture n’est pas particulièrement favorable, restez proche de l’entreprise pour connaître les perspectives d’évolution de l’entreprise. Qu’est-ce qu’ils peuvent faire pour accompagner leur entreprise ? Pour être plus rentable et tenir justement cette économie ? Après, s’ils sont indépendants « isolés », qu’ils s’entourent correctement et de bonnes personnes.
Attention tout de même, plus le prix est bas, plus vous augmentez la probabilité de mettre votre client transporteur en porte-à-faux, d’augmenter le risque de salariat déguisé, donc la coresponsabilité existe chez le conducteur. Si le transporteur paye, il est normal que le conducteur paye également, c’est aussi un professionnel de la conduite. Alors, je ne veux pas dire qu’ils viennent chez Effiway ça serait une sorte d’incitation, ils peuvent et ils peuvent ne pas le faire.
Après pour le transporteur, c’est de se poser les bonnes questions : Est-ce qu’un intérimaire est suffisamment compétent pour faire le job ? Certainement ? Oui, Non ? Chacun est libre de le penser. Est-ce qu’un indépendant peut sauver la situation au dernier moment parce qu’on l’appelle à 23 h ? Oui, c’est possible, bien sûr, parce qu’on a directement affaire à un humain. Est-il compétent pour l’activité ? Est-ce que je dois le tester et au détriment de prendre des risques ou est-ce que justement je m’assure que celui-ci soit conforme ?
En termes de communication, ce que tu fais (ndlr : ce que fais La Com du Transporteur) je trouve ça très pertinent, en tout cas d’accompagner les transporteurs, de rester informé. Et c’est la raison pour laquelle j’ai voulu justement traiter de tous ces sujets avec toi aujourd’hui, parce que c’est important d’aider le transport. Alors l’aider, c’est un grand mot. Je pense que nous, on ne peut pas aider le transport, mais tout le monde a une petite chose à faire. Tu as quelque chose à faire, on a quelque chose à faire.
Moi je suis très très heureux de ce que l’on a fait. Ce sont des années de travail, c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup d’efforts, c’est énormément de monde qui participe et on en est très fiers. Et de notre activité, on a pu résoudre la problématique actuelle avec la qualité sur les indépendants.
Merci Alexandre pour cet échange enrichissant !
Le texte retranscirt a été modifié pour améliorer sa lisibilité.
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